Collages

25 ŒUVRES

La pratique du collage renvoie aux recherches artistiques du cubisme : Picasso ou Braque ajoutent à leurs toiles, par cette technique, des morceaux de réel, sans avoir besoin de le représenter en peinture.

Mes premiers collages ont été réalisés dans l’atelier de Lionel Godard (1949-2020) alors que j’étais en école d’architecture à Paris. On reconnait un billet d’exposition, des écritures manuscrites ou des morceaux de magazines, qui conservent mes souvenirs. Le travail de la structure chromatique construit par l’interruption du mouvement sous le coup du ciseau recueille aussi la mémoire : la sémantique des collages se déplace alors du spatial au temporel.

J’ai continué cette pratique jusqu’à aujourd’hui inspirée par le travail de tissage de François Rouan. Des quadrillages de bandelettes forment les fils de trame et les fils de chaîne d’un texte pictural coloré. Certaines couleurs sont vives et leurs bandelettes rectilignes forment les perpendiculaires et parallèles d’une surface organisée. Parfois, éléments de contestation discrète à cette rectitude, deux bandes pastel donnent de la profondeur à la toile dans un nuancier de mauves, aubergines ou turquoises et montrent le dynamisme d’une couleur en évolution.

« Ici, une expression d’un désordre contrôlé. Ce qui s’arrache doucement à la rationalité et déploie, au fil de collages, de déchirures, d’assemblages, une inconséquence poétique, c’est-à-dire dépourvue de toute visée, une inconséquence en soi. Non pas un geste pur mais, à tout le moins, une pureté du geste, sans autre finalité qu’elle-même. Libre, en somme. »

Matthieu de Sainte-Croix, chercheur, critique, écrivain