New York

12 ŒUVRES

Les peintures de la période New-York marquent une étape initiatique dans mon travail et dans ma vie. J’avais déménagé outre-Atlantique pour travailler chez un cabinet d’architectes et là-bas, j’ai eu besoin d’exprimer les nouvelles réalités spatiales, professionnelles, émotionnelles et sociales qui m’entouraient.
Dans l’atelier de Franck O’ Cain, un maître, un professeur et un artiste, j’ai trouvé la veine de ma propre peinture et j’ai découvert la riche émulation de la pratique en atelier. Avec lui, j’ai appris à saisir le monde visible comme la métaphore d’une énergie ou d’un mouvement que l’on pouvait représenter grâce à des formes et des couleurs. Je me suis concentrée sur des couleurs complémentaires (rouge et vert, bleu et jaune) et sur des formes simples (carrés, ronds) pour tenter de saisir ces dynamiques élémentaires. Le résultat de ce travail assez introspectif est, il me semble, une peinture gestuelle, méditative. Je voulais saisir l’écho de ma perception, en partant d’œuvres, de photos ou de paysages qui m’avaient touchée, comme l’Atelier rose, de Matisse (1911).
New-York, dans cette période, n’est pas un motif : c’est une atmosphère et un état d’esprit que j’avais à ce moment-là.

« Ici, l’incertitude de la peinture. Là où les formes semblent tout à la fois naître et disparaître, s’imposer et se soustraire. Fixé dans l’espace. Et, sans qu’il soit besoin d’une alternance inscrite dans un égrènement de secondes, il y a donc comme un clignotement latent. Dans cette valse-hésitation se disputent le plein et le vide. La pulsation d’un cœur ? »

Matthieu de Sainte-Croix, chercheur, critique, écrivain

« Peut-être y avait-il un motif originel aux diverses compositions new-yorkaises dont l’abstraction s’expose aux yeux du regardeur. Il disparaît en tout cas dans sa réduction géométrique et colorée. Il n’en reste que l’émotion, captée à la racine. Douce et contemplative d’abord dans les teintes pastel de l’acrylique, où l’œil pourrait s’amuser à distinguer un personnage qui observe le rond gigantesque d’un bâtiment ou d’un soleil, ou à imaginer un lieu au haut plafond, ouvert sur l’ailleurs d’une fenêtre bleue et d’une porte jaune.

Puis l’humeur se gorge d’énergie, les toiles rougeoient, les motifs grossissent et l’on perd en sérénité ce que l’on gagne en tumulte. Les couleurs complémentaires, la confrontation des arrondis et des angles, laissent les tableaux en tension. Ici, c’est une ondulation qui s’échappe. Là, c’est une noirceur qui envahit. New-York est bien cette ville dynamique, changeante et imprévisible. »

Hortense Miginiac, auteure